LE THÈME 2025 : AVEC MARIE, PÈLERINS D’ESPÉRANCE
QUELQUES MOTS SUR LE THÈME
« Avec Marie, pèlerins d’Espérance ».
Vous n’ignorez sans doute pas que cette année 2025 est une année sainte (première année jubilaire en 1300 par le Pape Boniface VIII). Une année jubilaire sur le thème de l’Espérance. Une année sainte qui se vit dans tous les diocèses de France, qui peut aussi se vivre en pèlerinage à Rome et qui se vivra bien évidemment aussi pour nous, de manière particulière à Lourdes pendant le Rosaire au mois d’octobre 2025.
La bulle d’indiction du Jubilé promulguée par le pape François le 9 mai dernier, le jour de l’Ascension, emprunte son titre à une formule de saint Paul en Rom 5,5 : « Spes non confundit », c’est-à-dire « l’espérance ne déçoit pas ». On ne peut pas être déçu par l’Espérance ! Alors que, peut-être, je dis bien peut-être, nous pourrions en être déçus !
Dans ce texte, le pape François définit ainsi l’espérance : « L’espérance naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix : ‘’ En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie’’ (Rm 5,10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence par le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu, animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint ».
L’Espérance est histoire d’amour, une histoire d’amour ! C’est dans le moment ultime de la vie de Jésus cloué sur la Croix par amour pour le monde que naît l’espérance, que naît notre espérance. Jésus qui donne librement et totalement sa vie pour nous. De son cœur transpercé jaillissent le sang et l’eau. Le sang du sacrifice de l’Agneau offert pour le salut du monde. L’eau d’une source vivifiante surgit non plus d’un rocher mais du cœur du Christ. Sang donné à boire par Jésus à ses disciples au soir de la Cène et dans le sacrement de l’Eucharistie. Eau, symbole du baptême.
L’espérance est donc un don de Dieu qui s’enracine dans la Croix du Christ. Un petit filet de sang et d’eau qui coule le Vendredi saint à l’image des sources fragiles de nos grands fleuves qui se transformera en torrent tempétueux au matin de Pâques quand la force de la résurrection va jaillir du tombeau. L’espérance n’est donc pas quelque chose à attendre, quelque chose en devenir. Elle est là ici et maintenant car nous sommes sauvés en ayant part à la vie du Fils.
L’espérance est donc un chemin qui commence, comme le dit François, le jour de notre Baptême quand nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, vainqueur de la mort. Plus besoin désormais de potion magique ! Au jour de notre Baptême nous avons été plongés dans le bain de l’Espérance. Une Espérance qui ne vient pas seulement ruisseler sur notre corps mais pénétrer au plus profond de notre âme de croyant, qui vient brûler au plus profond de notre être.
Désormais nous ne faisons plus qu’un avec le Christ, lui qui est « notre Espérance » 1Tim 1,1). Avec lui nous entrons dans l’Espérance. S’adressant aux Ephésiens, c’est ce qui fera dire à Paul qu’avant leur rencontre avec le Christ, ils étaient « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (cf. Ep 2, 12).
Il nous faut donc vivre l’Espérance sur un chemin de vie, dans le temps de notre vie. Un chemin qui va être fait de joie et de peines, d’épreuves et de souffrances. Et certains jours il est vrai l’Espérance semble céder le pas au désespoir. Comme si l’amour de Dieu nous avait abandonnés. Comme si nous étions confrontés au néant, au non-sens de l’existence, à la non-espérance !
C’est bien parce qu’il connaît cette épreuve que Paul dit aux Thessaloniciens : vous ne devez pas être « abattus comme les autres, qui n’ont pas d’Espérance » (1 Th 4, 13). Et aux Romains il dira : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? […] Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les principautés célestes, ni le présent ni l’avenir,…, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.» (Rm 8, 35.37-39).
Chemin de vie ! Chemin de grande randonnée ! GR ESPERANCE ! Cela pourrait être le code de notre Pèlerinage du Rosaire 2025.
Pour nous aider à marcher sur ce chemin de vie, fait de hauts et de bas, nous avons besoin de moments forts pour « nourrir et fortifier l’espérance » dit le pape François (5). C’est bien le sens de tout pèlerinage, de notre pèlerinage chaque année à Lourdes : revenir à la source de l’Espérance. C’est la grâce de Lourdes pour chacun d’entre nous, du plus petit au plus grand.
Mais cette année nous aurons une mission renouvelée en lien avec ce Jubilé. Dans sa Bulle d’indiction, le pape nous appelle « à être des signes tangibles d’espérance pour de nombreux frères et sœurs qui vivent dans des situations de détresse. » Alors plus que jamais pendant ce Rosaire, soyons des signes tangibles d’Espérance, soyons des témoins d’Espérance. Mais à qui ? Le pape François nous indique ceux vers qui nous devons aller : les prisonniers (il est allé ouvrir lui-même une Porte Sainte dans une prison de Rome), les malades, les jeunes, les personnes âgées, les pauvres, les familles.
Ensemble, nous serons tous des pèlerins d’Espérance !
Fr. Hervé Jégou, dominicain
Directeur général du Pèlerinage du Rosaire