Lourdes a la grâce de rendre concret bien des mots. Simplicité, présence, sourire, aide, peuvent y devenir des signatures de Dieu, discrètement glissées dans les cœurs. Mais la diffusion d’une expression inouïe comme « Immaculée Conception » n’en offre-t-elle pas encore un signe ? Un signe dans une histoire… Pour cet éditorial, limitons-nous à cette histoire lourdaise, incomparable, pour accueillir parmi nous l’Emmanuel, par l’Immaculée conception de sa Mère.

Revenons à une date, le 2 mars 1858 : concrètement, Bernadette rencontre alors pour la première fois l’abbé Marie-Dominique Peyramale, curé de Lourdes, chez lui, pour lui délivrer en bigourdan le message de la Dame : « Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ». Mais le curé veut connaître le nom de la Dame. Et il exige une preuve : voir fleurir en plein hiver le rosier (l’églantier) de la grotte. Toujours cet aspect concret.

La 13^ème apparition vient d’avoir lieu. Depuis 3 semaines, le bourg est tout remué. Apparitions ? De qui ? – « Aquèro – ou la chose », répondait alors Bernadette, la voyante, une Soubirous, chétive et peu remarquée. « Aquèro » deviendra « la Dame » les jours passant.

Mais on est loin de connaître alors le nom de la Dame de la Grotte ! Sans le connaître encore, l’abbé Peyramale en a cependant entendu parler. Depuis 1854, il sait la promulgation du Dogme de l’Immaculée Conception, par le Pape Pie IX 4 ans plus tôt. Mais quel lien aurait ce titre mystérieux avec une Dame qui déplace déjà, là-bas à Massabielle des foules, sur la simple parole d’une enfant inconnue.

Le 3 mars au matin, la Dame ne livre pas son nom, malgré la demande. Le curé maintient sa requête d’un nom. Mais au 25 mars 1858, fête de l’Annonciation, à la Grotte, la Dame révèle enfin son nom. Bernadette raconte : « Elle leva les yeux au ciel, joignant en signe de prière ses mains qui étaient tendues et ouvertes vers la terre, et me dit : Que soy era immaculada councepciou ». À l’issue de cette apparition, la jeune fille court chez le curé Peyramale, répétant sans cesse, sur le chemin, des mots étranges et inconnus. Mais ces mots troublent le curé. Quelle étonnante signature, en effet. Inconnus de la voyante, mais éclairants pour authentifier ses messages !

Lourdes a la grâce de rendre concret des mots mystérieux ! Afin de nous révéler la proximité de Dieu, le Sourire de la Dame et sa lumière qui luit dans les ténèbres ou dans des noirceurs comme jadis à Massabielle. Découvrir le nom de la Dame, ne serait-ce pas aussi un chemin vers la Consolation de Dieu, et la reconnaissance de chacun, sous le regard de Notre-Dame ?

Fr. Hugues-François Rovarino, o.p.
Directeur Général