THÈME 2019 :
HEUREUX LES PAUVRES DE CŒUR
Heureux les pauvres !
Si ce sont là des paroles du Christ et qu’elles sont le thème de notre prochain pèlerinage du Rosaire, elle sont difficiles… Comment peut-on oser les dire aujourd’hui ? Sont-ils heureux ceux qui n’ont rien, ceux qui ont tout perdu dans la guerre, dans la maladie, dans le feu ? Sont-ils heureux, ceux qui vivent dans des taudis, ceux qui n’ont pas de travail, pas d’amis, celles et ceux qui sont condamnés à l’exil ? Et Bernadette dans son cachot, était-elle heureuse ? Songeons à ce que pouvait en dire le commissaire Jacomet : « Pas grand-chose, cette gamine ! C’est la famille la plus pauvre de Lourdes. Son père était meunier, il s’est ruiné par incapacité, par boisson peut-être… Je l’ai arrêté l’an dernier, dans leur taudis, le Cachot. Avait-il volé de la farine en cet hiver de famine ? Son gamin allait gratter la cire qui coulait des cierges sous les catafalques quand il avait faim. Bref, François Soubirous n’était pas fier quand on l’a relâché au bout de huit jours. Il est reparti chez lui sans mot dire. La fille est souffreteuse, sans doute phtisique. C’est une affaire de rien. Croyez-moi, demain on n’en parlera plus. »
Jésus, lorsqu’il se fait l’un de nous, « ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu » mais choisit de partager la vie difficile des pauvres. Il s’est abaissé par amour, pour, se tenant à la même hauteur que nous, pouvoir nous dire « je t’aime, tu as du prix à mes yeux ». La venue de Dieu dans notre vie, par l’incarnation, cette venue qui va jusqu’à la croix, est le « je t’aime » de Dieu à notre égard. Alors, le premier pauvre, c’est Lui. Dieu ne donne pas parce qu’il est riche. Dieu donne, ne retient rien pour Lui, parce qu’il aime.
Marie est celle qui, ayant reçu dans sa chair ce Dieu qui se donne, a compris ce mystère de façon unique. Comme toute mère, elle découvre que c’est parce qu’elle a donné de sa vie à son Fils que celui-ci va grandir et à son tour, pouvoir se donner. La pauvreté de Marie lui permet de tout attendre de son Dieu, et de croire mystérieusement que sa minuscule vie peut devenir un temple pour son Seigneur.
Bernadette, pauvre entre les pauvres, va à son tour apprendre cela de Marie. Le 11 février 1858, elle remarque le bruit du vent dans les peupliers, puis elle voit une dame. Si peu de paroles seront échangées, un jour, la dame lui demande d’aller boire à la fontaine et de s’y laver. Mais il n’y a pas de fontaine, uniquement de la boue. Bernadette va, humblement, gratter de ses doigts la boue, jusqu’à trouver une source d’eau claire, celle qui coule jusqu’à nous. Voilà la foi de Bernadette, une foi qui croit quand il n’y a pas de raison d’y croire, une foi de pauvre, comme la nôtre.
Bernadette dira plus tard de Marie : « Elle me regardait comme une personne qui parle à une autre personne » mais aussi « si elle en avait trouvé une plus ignorante que moi, c’est elle qu’elle aurait choisie ». Oui Dieu frappe à la porte, et c’est à nous d’ouvrir si nos oreilles sont assez disponibles pour l’entendre frapper tout doucement, ou entendre le vent dans les peupliers. Oui, Il se donne à qui lui ouvre. Oui, si Marie est devenue un temple pour son Seigneur, chacun peut à son tour accueillir Dieu dans sa vie.
Venir à Lourdes en pèlerinage, c’est avec Bernadette et Marie, accepter d’être pauvres en foi, en espérance et en amour. Heureux sommes-nous si nous sommes pauvres en foi, nous serons comme le centurion qui crie à Jésus « Je crois, viens en aide à ma non-foi ! ». Heureux sommes-nous si nous sommes pauvres en espérance. Les disciples aussi l’étaient et par leur persévérance dans la nuit, ils ont reçu la force d’espérer. Heureux sommes-nous si nous sommes pauvres en amour, car si nous le lui demandons avec insistance, le Seigneur réveillera l’amour qui demeure au fond de nous. Alors peut-être saurons-nous aimer les plus pauvres parmi nous, en acte et en vérité. C’est l’enjeu de notre prochain pèlerinage à Lourdes. Il se déroulera du 2 au 5 octobre. Sur ce site, vous trouverez de nombreuses informations appelées à être précisées et augmentées : célébrations, conférences, rencontres, témoignages, projections, gestes…
Bonne lecture !
Fr. Olivier de Saint Martin, o.p.
Directeur général du Pèlerinage du Rosaire