COMPRENDRE ET AIMER LA VIERGE MARIE

Chacun sait la dévotion du pape François à la Vierge Marie. En hommage, découvrez à partir d’une de ses citations, une réflexion sur la manière dont il faut comprendre et aimer la Vierge Marie.

Le pape François est entré dans la lumière du Seigneur en ce premier jour de l’Octave de Pâques. Il a souhaité être inhumé en la Basilique Sainte-Marie Majeure et non au Vatican, voulant montrer par là sa dévotion à la Vierge Marie.

C’est là qu’il venait au départ et au retour de chacun de ses voyages apostoliques pour les confier à l’intercession de Marie « Salus populi romani ».

Dans un entretien avec les revues culturelles jésuites, quelques mois après son élection (octobre 2013), le pape François définissait sa dévotion mariale à l’aide d’une formulation qui peut éclairer la dévotion de chacun d’entre nous : « Si nous voulons savoir qui est Marie, nous nous adressons aux théologiens ; si nous voulons savoir comment l’aimer, il faut le demander au peuple de Dieu ».

Le pape François articule donc sa dévotion autour d’un « savoir comprendre » et d’un « savoir aimer ». Deux « savoirs » qui doivent s’équilibrer pour avoir une vision la plus juste possible sur la place de Marie dans la vie de foi de tout croyant. Deux « savoirs » chacun en lien avec une instance de référence : le « savoir comprendre » en relation avec les théologiens, le « savoir aimer » en lien avec le peuple de Dieu.

Cette double convocation est le gage d’une saine spiritualité mariale qui fait appel à la raison et au cœur. A la raison pour bien comprendre la place de Marie dans l’économie du salut en lien avec la richesse de la tradition de l’Église à travers les écrits des Pères et les définitions dogmatiques. Nous savons très bien qu’une des dérives possibles du culte marial est de faire de Marie l’équivalent d’une déesse-mère. Mais si Marie est « Mère de Dieu » comme le définit le Concile d’Éphèse en 431, elle n’en demeure pas moins une créature humaine choisie par Dieu pour devenir la « Mère du Seigneur » comme le dit Élisabeth au jour de la Visitation. En ce sens, la proximité de la mère et de son fils permet à Marie d’intercéder pour nous.

Mais la figure de Marie n’est pas que le « lieu » d’une construction, d’une réflexion théologique. Son rôle maternel dans l’économie de l’incarnation du Verbe de Dieu se déploie dans le temps et l’espace. Depuis ce moment où, sur la Croix, Jésus dit à son disciple bien-aimé : « Voici ta mère ». Marie, mère du Seigneur, est devenue la mère du disciple, la mère de tous les disciples, la mère du Corps mystique du Christ, la « Mère de l’Église » selon le titre que lui donnera le pape Paul VI à la clôture du Concile Vatican II. Notre relation avec Marie est donc bien d’ordre filial et convoque non seulement notre intelligence mais aussi notre cœur. Un amour marial dont le peuple de Dieu est le dépositaire et le cœur battant dans tous les sanctuaires du monde. Le pape François sait que, pour être un bon théologien, il faut savoir écouter le « peuple de Dieu ». Alors, reconnaissons-nous membre de ce peuple de Dieu, pour donner à Marie toute sa place maternelle dans chacune de nos vies.

 

Fr. Hervé Jégou, dominicain,
Directeur général du Pèlerinage du Rosaire